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Média(li)tures, média(scrip)tures

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Le Centre de Recherches en Littérature Comparée (CERLICO) de l’ENS de Yaoundé lance un appel à communication intitulé : « Média(li)tures, média(scrip)tures ». Débouchant sur un ouvrage collectif, cette proposition présente une originalité : elle esquisse un cadre conceptuel, ou plutôt une approche de l’écrit, faisant une place à un fonctionnement en réseau de différents médias. Au principe de « littérarité », on propose ici de substituer celui d’ « intermédialité » : en d’autres termes, il s’agit de penser un écrit ne s’imposant plus tant par son texte que par une capacité de relation avec d’autres formes d’expression. Se pose dès lors aussi bien le problème de sa conception (déjà largement appréhendé par ailleurs) que celui de son évaluation : la meilleure œuvre n’est-elle pas celle qui s’adapte, se décline, est à même de s’inscrire dans un ensemble de produits culturels ? À l’heure où des productions relevant du champ de la bande dessinée (pensons à Uropa d’Yslaire diffusé sur l’Applestore par Casterman) empruntent cette voix, cette proposition mérite assurément d’être discutée et nous invitons les chercheurs à s’en emparer avant le 30 novembre prochain.

 

Média (li) tures / Média (scrip) tures

Le domaine des études intermédiales entretient, par nécessité, la veine des néologismes en cette matière. Ce sont la médialité, l’intermédialité, l’hypermédialité, l’hypomédialité, la médialité, l’im-médiateté…, tous attestant de dynamiques des relations entre les médias, au sens large de ce terme. Il ne nous semble pas que la notion de médialiture figure déjà dans cette liste.

Se pose donc la question de savoir si cette notion ne s’impose pas elle aussi en tant que déclinaison spécifique de cet « axe de pertinence » que constitue la théorie intermédiale. D’où la problématique suivante : qu’est-ce que le phénomène intermédial ? Á quoi peuvent correspondre ses manifestations spécifiques ? En quoi la médialiture pourrait-elle figurer de manière pertinente dans la nomenclature de ces dernières ?

On posera que la notion de médialiture s’impose en ce qu’elle est susceptible de rendre compte du phénomène  intermédial, et plus précisément interartial, dans le cadre spécifique de l’art littéraire. Pour étayer cette hypothèse générale, nous suggérons le raisonnement ci-après, dont les articulations se rapportent aux questions de la problématique ci-dessus :

L’intermédialité réfère à l’intrication des médias sur le double plan synchronique et diachronique, de sorte qu’on puisse les hiérarchiser en médias englobants et englobés, transcendants et transcendés, c’est-à-dire en  hypermédias et hypomédias, les uns relativement aux autres. Dans ces conditions, la spécificité d’un média se rapporterait à son caractère englobant, transcendant ou hypermédiatique (ou, à l’inverse, englobé, transcendé, hypomédiatique) par rapport aux autres médias, ce caractère étant donc patent, qui correspond à une mise en abyme de tous les autres médias en présence par ce média dominant, et ce suivant diverses modalités que l’on peut emprunter à l’intertextualité genettienne. Dès lors,  la médialiture correspondrait bien à une pratique littéraire englobant, transcendant ou dominant les autres pratiques artistiques en les intégrant en son sein suivant une logique de mise en abyme systématique, foisonnante et généralisée de celles-ci, comme dans une sorte de Gesamtkunstwerk wagnérienne mais polarisée par la littérature. Dès lors, on peut prendre les concepts de médialiture et de médiascripture, qui sont presque synonymes, au sens d’intermédialité dans la / en  littérature, mais surtout, de manière plus précise, au sens de littérature intermédiale, ce qui nous semble conforter leur pertinence conceptuelle. En effet, ce sur quoi ils insistent et qui sera au centre de la réflexion est qu’ils servent à caractériser une production ou une tendance littéraire (post)moderne dans laquelle le scriptural est réduit à l’essentiel, ce scriptural n’étant plus alors qu’un biais qui pourrait bien être remplacé par un autre (peinture, architecture, musique, danse, etc.) sans que le contenu de l’oeuvre en soit altéré. En d’autres termes, ces concepts insistent sur le fait, non pas de la littérarité de l’oeuvre mais sur celui de son intermédialité à laquelle est subordonnée une littérarité qui ne sert ici que de vecteur ou de plateforme interartial. Un peu comme si le principe de l’oeuvre d’art totale était repris littérairement, comme il pourrait l’être musicalement, architecturalement ou picturalement.

De telles hypothèses requièrent, comme outils d’analyse généraux, les théories intermédiale et intertextuelle, ainsi que celle de l’art total de Richard Wagner. Le premier outil servira à analyser les jeux et les enjeux épistémologiques des notions d’intermédialité et de médialiture ; le deuxième outil servira de tremplin heuristique dans la mise en évidence des possibles médiascripturaux ; et le troisième outil servira éventuellement de repère manifestaire garantissant la nécessité de la notion de médialiture. Il devait alors apparaitre que la création littéraire a évolué de plus en plus vers le médialittéraire depuis l’époque du modernisme.

Des hypothèses ci-dessus découlent aussi trois grands axes de réflexion :

  • L’histoire générale de la médialiture
  • Les possibles médiascripturaires / médialittéraires
  • Les études de cas (la médialiture dans telle ou telle oeuvre ; la poétique de la médialiture chez tel auteur ; etc.)

Comme le suggèrent les parenthèses dans l’intitulé du présent appel à contributions, les analyses peuvent s’ouvrir ou s’étendre aux autres arts en tant qu’hyperarts, autorisant alors, de ce fait, un quatrième axe de réflexion.

Les propositions d’articles sont à envoyer avant le 30 novembre 2012 à l’adresse électronique : gfranguiyoba@yahoo.fr

Après avis du comité scientifique, les auteurs des propositions retenues seront informés avant le 30 décembre 2012.

La parution de l’ouvrage est prévue pour décembre 2013.

Comité scientifique :

 Matthijs Engelberts (Université d’Amsterdam, Pays-Bas)

 François Guiyoba (ENS de Yaoundé, Cameroun)

 Eric Méchoulan (Université de Montréal, Canada)

 Salma Mobarak (Université du Caire, Egypte)

 Jürgen Erich Müller (Université de Bayreuth, Allemagne)

 Isabel Rio Novo (ISMAIA, Porto, Portugal)

 Jean Christophe Valtat (Université de Montpellier, France)

 Célia Vieira (ISMAIA, Porto, Portugal)

Responsable : Centre de Recherches en Littérature Comparée (CERLICO) de l’ENS de Yaoundé, BP 47 Yaoundé (Cameroun).

Selon l’expression de Jürgen E. Müller qui la préfère à celle de discipline pour désigner cette théorie.

Responsable : Centre de recherches en littérature comparée (CERLICO)

Adresse : BP 47 Yaoundé (Cameroun)

Benoît Berthou

Université Paris 13, LABSIC Directeur de la revue Comicalités. Etudes de culture graphique Rédacteur en chef des Carnets de la bande dessinée

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